Les maths innovantes en collège ZEP
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Beurk les maths !
c'est une réflexion que l'on entend souvent... Je comprends très bien mais J'aime beaucoup les maths quand même, et pire... montrer que cette petite bête noire peut être drôlement intéressante : j'adore ça !
Voici donc la tite histoire de mon parcours de prof super motivée !...
Après avoir été maître auxiliaire en collège et lycée de 93 à 97 puis titulaire remplaçante, me voici enfin en poste fixe : depuis 2000 dans un collège classé ZEP et Sensible et en 2006... aux Antilles mais toujours en ZEP !... A croire que j'adore ça !
L'avantage des ZEP ?
une équipe soudée composée de profs sympas, super dynamiques : si, si ça existe en vrai !!!
En math, j'utilise des leçons préconstruites sous forme de fiches avec des phrases à trous à compléter au fil des jours. Ce dispositif est beaucoup plus facile à gérer pour les élèves mais aussi pour nous. Les cours sont propres et nous avons des fiches prévues pour l'élève qui oublie son cahier. Le cours est beaucoup plus dynamique, la prise de note est moins lourde et permet de gagner du temps, cela permet enfin à l'élève d'être plus attentif et d'éviter les problèmes de comportement, enfin pas toujours ...
Nous discutons souvent des cours (entre autre chose, rassurez-vous!) et nous nous réunissons tous les trimestres pour une concertation plus approfondie. Nous suivons la même progression afin de pouvoir faire deux devoirs bilan dans l'année. Lors des concertations, nous discutons de ce qui a fonctionné ou pas afin de les modifier pour l'année suivante. Nous avons préparé 4 classeurs pour chaque niveau afin d'y insérer ces fiches mais aussi nos activités et devoirs.
Nous avons deux classes de 6ème de consolidation. En fait, 40 élèves sont répartis dans 2 classes. En mathématiques ces 40 bouts d'choux sont séparés en 3 groupes : "fort", "moyen" et "faible". Au début de l'année, ces élèves sont choisis d'après leur dossier scolaire. Puis les groupes changent après les résultats de l'évaluation et plus tard suivant
leurs notes et compétences. Pour ces 2 classes nous faisons en plus des leçons, les mêmes contrôles au même moment afin de modifier nos groupes pour avoir des classes homogènes.
Ceci demande une concertation supplémentaire mais les résultats en valent vraiment le coup. Ces classes ont été très bénéfiques aux élèves ne parlant pas français. Tous les ans, nous avons une dizaine d'élèves de diverses origines ne parlant pas du tout notre langue. Ils bénéficient de 10 heures de cours de français (FLE) par semaine pendant environ 3 mois et les résultats sont très convaincants. Je me suis même mis à parler anglais pour une demoiselle d'Afrique du sud : un peu dur au départ surtout pour le langage scientifique. Un collègue d'anglais m'a guidé et un livre de math d'une école primaire en Angleterre m'a permis d'associer ses connaissances aux nôtres. Pour les élèves d'Afrique du Nord, de Yougoslavie …, c'est un peu plus compliqué mais le langage des signes marche bien. Les élèves apprennent vite ( plus vite que nous!!!) et au bout de 2 mois, nous pouvons alors commencer un enseignement dit "traditionnel".
Nous avons même crée une 5ème de consolidation composée de 19 élèves en réelle difficulté en 6ème. Pour donner une idée : pour le même contrôle dans cette 5ème et une autre, la moyenne passe de 12 à 08,5 et baisse encore pour des exercices de recherche. Il faut donc bien adapter les cours au niveau de chacun en partant sur les bases au 1er trimestre puis en approfondissant chaque notion petit à petit.
Nous avons aussi une 4ème AES, une 3ème d'insertion et une 3ème professionnelle. Ce sont des classes à faible effectif d'élèves en grande difficulté. Le but étant de leur fournir des bases et de les motiver pour qu'ils puissent reprendre un cycle "général" ou les amener à un projet professionnel. Ces classes sont malheureusement très craintes par les collègues. Elles sont souvent perturbatrices, le niveau est faible mais en même temps très hétérogène, peu d'entre eux sont motivés et certains ne souhaitent même pas poursuivre en CAP ou apprentissage : l'enseignant se trouve donc à son tour en échec. Dans notre collège, nous leur enseignons les mathématiques 4h par semaine. Nous avons donc décidé d'être deux enseignants par classes : un enseigne la partie géométrique et l'autre la partie numérique pour se répartir cette difficile tache qu'est d'enseigner face à des élèves en grave échec scolaire et/ou social.