Corriger un controle, Valoriser les progrès, démystifier la note

Le but principal des évaluations est de savoir si les élèves ont assimilé ou non les connaissances enseignées. Elles sont donc indispensables mais corriger efficacement un devoir relève du défi, n'est ce pas?

 

A mes débuts, mes corrections étaient très classiques comme celles que j'avais connues à l'école : une correction magistrale qui n’était que présentation de solutions des exercices, de commentaires et d’exigences. Bref, c'était une séance :

  • ennuyeuse pour les élèves qui avaient réussi le contrôle : ils avaient l’impression de ne rien apprendre et de perdre leur temps.
  • démoralisante pour les élèves qui avaient fait beaucoup d'erreurs : ils n'arrivaient pas à suivre et se contentaient donc de recopier, histoire de faire comme la prof le demande, c'était déjà très gentil !
  • inefficace pour moi : j'avais le sentiment de ne pas capter l’attention et l’intérêt de la classe et de "perdre" une heure de cours, C'est ce qu'on dit souvent, non?

Désœuvrés, quelques collègues iront même jusqu’à distribuer un polycopié pour ne pas "perdre du temps" car soyons logique : une heure de contrôle + une heure de correction = deux heures de perdues !!!

On  demande alors de refaire le contrôle à la maison. Mais les élèves qui méritent le plus d'attention ne sont-ils pas en général ceux qui recopient sans comprendre la solution du copain qui a lui a tout compris ???

 

Et toujours les mêmes questions …
  • Pourquoi je n’ai pas tous les points alors que j’ai trouvé le bon résultat ? 
  • Pourquoi il a plus que moi alors que j’en ai fait plus que lui ?

En effet,  soyons honnêtes, la seule préoccupation de l'élève est SA NOTE. En plus, la chance pour que cette fameuse note soit révisée est négligeable : alors pourquoi essayer de corriger ses erreurs ?

 

 

Ce qui explique l'incompréhension de mes élèves

lorsque je dis à un que son 8/20 m'inquiète et à un autre que je suis fière de son 8/20 !

 

Il me fallait alors trouver des moyens pour qu'une correction soit profitable aux élèves et que je ne m'ennuie plus. S'ils s’interrogeaient eux-mêmes sur leurs erreurs, en profitaient pour les comprendre et surtout ne plus les reproduire : ils arriveraient à dépasser le cap de la note. Bref, que ces corrections soient un indicateur de progression et un véritable moment d’apprentissage.

 

J'ai d'abord commencé par mettre en place est une progression spiralée : tout ceci pour que les notions puissent être réinvesties tout au long de l'année. Un concept n'étant plus évalué une fois, il devenait donc intéressant pour l'élève de ne plus reproduire les erreurs. Puis j'ai arrêté de pratiquer le système "un cours = un contrôle". Pour chaque chapitre, je donne de petites évaluations pour repérer les erreurs avant qu'elles ne s'installent. Pour les chapitres qui me semblent primordiaux ou qui semblent poser un réel problème, je donne un devoir maison : les élèves ont du temps pour réfléchir, rechercher et reprendre le cours ou les exercices pour pouvoir faire ce devoir tout en étant évalué. Enfin, je propose le fameux contrôle : il y a en moyenne six exercices dont deux traitent d'un chapitre précédent. Cela permet aussi de faciliter le lien entre le numérique et la géométrie. Les élèves sont prévenus bien à l'avance et connaissent les objectifs. Sachant  qu'ils  n'apprennent pas au même rythme, il est indispensable de laisser un temps d’assimilation. J'évite donc de le donner immédiatement juste à la fin du chapitre.

 

Ensuite, je me suis penchée sur "les erreurs-types" des élèves qui ne doivent pas apparaître comme un échec mais comme un moyen d’apprentissage pour parvenir à faire correctement un exercice du même type. Et puis le fait de donner LA solution  me gênait dans la mesure où un problème pouvait être traité de plusieurs façons et que certains élèves se demandent encore à la fin de la correction : Ce que j’ai fait moi, c’est juste ?

Il a fallu enfin trouver des moyens pour que la correction d'un contrôle soit motivante pour les élèves et pour moi … Donner la même type de correction pour un exercice du même type fait en classe est quelque peu lassant bien que comme le disait mon prof de physique de terminale : "enseigner, c'est l'art de se répéter sans se contredire".

J’ai donc mis en place plusieurs dispositifs de correction centrés sur la reconnaissance et la correction des erreurs des élèves par les élèves. J'ai choisi également de donner de l'importance à l’oral dans ces séances. L'utilisation de la parole, plus spontanée, permet d'éviter de considérables contraintes. Rien n'empêche cependant qu'au final, il restera une trace écrite des corrections.

 

Un premier type de correction : La copie fabriquée

C'est celui que j'utilise le plus souvent : je distribue  une copie fabriquée à l'aide des réponses des élèves. Dans cette "copie" apparaissent :

  • des solutions justes ayant la particularité d'être astucieuses
  • des solutions fausses qui présentent des erreurs-types qui ont beaucoup d'interêt.

L’objectif est d'inciter les élèves à déceler des erreurs pour les analyser et arriver à UNE solution. Il devra aussi valider une réponse juste. Ils se prennent souvent au jeu en se demandant quel copain a pu la commettre. Il y a deux façons de faire ce type de correction :

  • La première est un travail individuel : l'élève étudie sa "copie" avec ses cahiers.
  • La seconde est un travail en groupe. Ce type de travail est souvent délaissé car il est difficile à gérer efficacement et se pose le "problème du meilleur qui travaille" pendant que les autres s’amusent ou rêvent pendant toute la séance, Mais Il peut être très utile de former harmonieusement des groupes hétérogènes. Par exemple, lorsqu'on pense que plusieurs élèves ne sauront pas évaluer seul la solution.

En milieu de séance, nous faisons un bilan avec la classe entière exercice par exercice.

 

Un second type de correction : l'élève se fait prof

Les élèves corrigent la copie d’un copain de classe et doivent lui attribuer une note suivant un barème. Je fais la correction au tableau exercice par exercice en donnant le barème au fur et à mesure. Le fait de "prendre le stylo rouge", donc de faire en quelque sorte mon travail rendent la séance assez dynamique.

A noter que la note définitive sera celle que je donnerai et qui ne sera pas forcément celle qui sera attribuée par l'élève.

 

Un troisième type de correction : l’autocorrection

Rarement pratiquée, elle est pourtant une bonne stratégie dans certaines conditions : petit groupe, à partir de la 5ème et pour des exercices à type algorithmique …

Je distribue les copies que j'ai corrigées mais en ne faisant apparaître aucune note. Je fais apparaître des annotations sur chaque copie :

  • pour localiser clairement l’erreur et dans certains cas les orienter vers la marche à suivre.
  • faire prendre conscience des points positifs et des réussites

Chaque élève a pour consigne de corriger et de noter sa copie à l’aide :

  • d’un barème détaillé de l’ensemble du devoir
  • des remarques qu’il trouvera sur sa copie
  • de ses cahiers

Généralement, les élèves veulent connaître en priorité leur note. Ici, ils auront comme but de se l’attribuer, ce peut être motivant. Il constate aussi combien il est difficile d'attribuer des points selon des critères précis définis à l’avance.

L’autocorrection pose aussi le problème de l’intégrité des élèves qui peuvent être

tentés de remplacer une réponse erronée par le bon résultat, subrepticement

pendant un instant où le prof n’a pas l’œil sur eux. 

 

Dans le cas de petites évaluations qui interviennent tout de suite après une séquence d'apprentissage, l’élève est plus à même d'évaluer son travail, on peut donc ici procéder à une autocorrection individuelle. Il y a trois manières de faire :

  • La première consiste à donner une "copie à trous". Chaque élève doit compléter ce corrigé à trous. La "copie" détaille la démarche des calculs ou des démonstrations.
  • Pour la seconde l'élève doit comparer ses résultats à ceux qui ont été donnés sur "un corrigé" où apparaissent les réponses avec un raisonnement détaillé. Il pourra alors identifier ses erreurs et les corriger. Le travail de correction de l'élève n’en est pas pour autant "mâché" puisqu'il devra identifier cette copie à la sienne
  • Enfin la dernière consiste à donner une " feuille réponse" où apparaissent les réponses finales. Ce sera la seule aide pour qu'il corrige de manière à obtenir ce résultat. Je l'utilise souvent pour de petites contrôles sur le numérique mais aussi sur les calculs de longueurs et d'angles en géométrie. Il suffit ensuite de mettre en commun leurs réponses et de déterminer ensemble les solutions.

 

Nous devons être TOUJOURS présent pour guider les élèves

mais JAMAIS pour donner la solution!

 

Extrait Jeu Set et Maths – le livret pédagogique

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Merci pour cet article qui brosse bien la question de l'évaluation <br /> et fait des propositions pratiques.<br /> ...<br /> La question qui demeure tout de même est "pourquoi la note"<br /> <br /> Cette année, je n'en donne plus (il m'a fallu 41 ans - sourire²)<br /> (http://www.geombre.fr/2016/10/evaluation-par-competence-objectifs-test-les-relatifs-copies-d-eleves.html)<br /> J'évalue les compétences transverses (très importantes pour qu'un élève de 6ème, ou 5ème gagne en autonomie et en compréhension des attendus généraux de la matière) ou en rapport avec le contenu mathématique<br /> Sur la copie je mets une croix pour chaque élément évalués dans la copie qui est plus ou moins complète (trois branches : compétence quasi acquise - deux branches : compétence en voie d'acquisition, deux branches - une branche : à peine sensibilisé à la notion - 0 non évalué (en général, un résultat étant rarement complètement faux, je considère qu'on ne peut lui mettre 0)
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